Quand je serai vieille, je ne veux pas qu’on m ‘appelle « ma ptite dame » ou « ma jolie ». Je veux être respectée et conserver mon identité jusqu’à la fin. Je ne veux pas qu’on me retourne dans tous les sens sans même me prévenir pendant les soins. Je veux qu’on me touche avec douceur et qu’on m’explique ce qu’on me fait. Je ne veux pas qu’on me juge et qu’on dise de moi que je suis difficile ou compliquée. Je veux qu’on me traite avec bienveillance et qu’on accepte que je ne sois pas toujours de bonne composition.
Quand je serai vieille, je ne veux pas dormir dans des draps d’hôpital, je veux mon linge de lit. Je ne veux pas être lavée au gant jetable, je veux mes affaires de toilette. Je ne veux pas qu’on me serve mes repas dans des barquettes en plastique, je veux une jolie vaisselle comme à la maison.
Quand je serai vieille, je ne veux pas d’une couche, je veux une protection. Je ne veux pas d’un bavoir, je veux une grande serviette. Je ne veux pas d’un verre canard, je veux un verre ergonomique.
Quand je serai vieille, je ne veux pas qu’on parle devant moi comme si je n’étais pas là. Je veux pouvoir discuter avec ceux qui s’occuperont de moi. Je ne veux pas qu’on s’empare de mon fauteuil sans me prévenir pour m’embarquer à toute vitesse à l’autre bout du couloir. Je veux qu’on m’annonce qu’on va changer de pièce et qu’on chemine à un rythme qui ne me donne pas le vertige. Je ne veux pas qu’on me dise de faire dans ma protection sous prétexte que je suis trop longue à installer aux toilettes. Je veux que mes besoins élémentaires soient respectés et ma dignité conservée.
Quand je serai vieille, je marcherai moins bien, j’entendrai moins bien, je comprendrai moins bien. Mais je serai toujours capable d’aimer telle ou telle personne, d’avoir envie de tel ou tel menu, d’avoir peur de tel ou tel événement.
Quand je serai vieille, je veux juste qu’on ne m’enlève pas le droit d’être moi.
Source : www.vieuxetmerveilles.com/
superbe texte que je m’empresse d’imprimer pour le communiquer à toute mon équipe soignante. Nous sommes inscrits depuis plusieurs années dans une démarche Bientraitance auprès des personnes âgées au domicile et ce texte est pour moi très parlant.
J’ai été très touchée par ce témoignage. Bravo pour la conscience professionnelle dont Babeth fait preuve. Et bravo aussi pour son enthousiasme. Je généraliserais volontiers son propos à toutes les personnes fragiles, de manière ponctuelle ou définitive, quel que soit leur âge. Par exemple, j’ai souvent assisté, dans les queues des caisses de supermarché à des scènes dans lesquelles des personnes très gentilles s’autorisaient à caresser le ventre de femmes enceintes. Celles-ci n’osaient rien dire mais n’appréciaient pas pour autant ces gestes déplacés.
Bien cordialement, Marie-Claude GERARD-Le Pré Saint Gervais (Seine Saint Denis)